Chapitre 9 — Les Voix de l’Abîme
Le ciel était noir, mais il ne s’agissait pas de la nuit.
C’était un voile. Un linceul. Quelque chose d’ancien avait ouvert les yeux.
Le Glass Labyrinth avait été laissé derrière, brisé comme un miroir trop plein de vérités. Le phoenix-dragon s’était envolé, laissant les trois compagnons à l’orée d’une gorge noire, vaste comme une gueule de titan. Devant eux s’ouvrait le gouffre de Khar-Duun, un lieu que nulle carte ne mentionnait, un nom que même les dragons n’osaient prononcer.
— « Ce n’est pas une faille géologique… » murmura Théo. « C’est un passage. »
Gabriel hocha lentement la tête. La lance Vel’Anor vibrait légèrement dans sa main, et à chaque pulsation, il sentait un appel venu des profondeurs. Pas un son… mais une volonté.
Li-Mei s’agenouilla près du bord, posant ses doigts sur la roche noire et froide. Des runes anciennes, à moitié effacées, y étaient gravées. Elle en reconnut certaines : des symboles des anciens clans célestes d’Asie, mêlés à des glyphes interdits des Ordres Templiers d’Europe. C’était un mélange de cultures… mais aussi de malédictions.
— « Ce lieu… il lie l’Est et l’Ouest. C’est un nœud entre les mondes », souffla-t-elle.
Un cri s’éleva alors du fond de la gorge.
Pas un cri humain. Pas un cri vivant non plus.
Quelque chose pleurait là-dessous. Et ce quelque chose parlait. Pas avec des mots. Avec des vérités qu’on refuse d’admettre.
Ils descendirent.
Les parois de Khar-Duun étaient striées d’obsidienne, et chaque mètre les rapprochait d’un froid non naturel, plus ancien que le temps lui-même. À mi-descente, des formes s’esquissèrent dans la roche : statues ? Prisonniers ? Ombres ? Nul ne savait. Certaines portaient des couronnes. D’autres, des masques.
Et toutes semblaient les suivre du regard.
Après plusieurs heures, ils atteignirent une plate-forme naturelle, à peine éclairée par un cristal unique suspendu au plafond. Il pulsait faiblement d’une lueur bleue.
Au centre de la salle se dressait une arche brisée. Devant elle, une silhouette encapuchonnée les attendait.
Elle parlait doucement, comme si elle s’adressait à des enfants fatigués.
— « Vous êtes venus chercher le neuvième fragment », dit-elle. « Mais celui-ci n’est pas comme les autres. Il n’a pas été perdu. Il a été scellé. »
Gabriel s’avança, méfiant.
— « Par qui ? »
— « Par ceux qui ont tout créé… et qui ont ensuite voulu tout oublier. »
La silhouette se releva. C’était une femme. Âgée, le visage couvert de cicatrices anciennes. Mais dans ses yeux brûlait une clarté fulgurante.
— « Je suis l’une des dernières Gardiennes de l’Abîme. Mon ordre veille sur ce qui ne doit pas être réveillé. Mais le sceau s’affaiblit. Et vous êtes ici parce que l’équilibre est rompu. »
Elle les guida vers un autel noir, taillé dans une pierre que même le temps semblait avoir refusé d’éroder.
— « Pour obtenir ce fragment, vous devrez écouter. Pas avec vos oreilles. Avec vos âmes. »
Ils prirent place autour de l’autel.
La Gardienne entonna un chant ancien.
Et alors, le sol s’ouvrit.
Pas physiquement. Mais en eux.
Chacun vit une mémoire étrangère se greffer à la sienne.
Gabriel vit un dragon de guerre, cloué à une montagne, criant le nom d’un roi humain qu’il avait aimé comme un frère — et qui l’avait trahi.
Li-Mei vit une prêtresse de jade, sacrifiant sa vue pour conserver une flamme éternelle qui pouvait brûler le mensonge lui-même.
Théo vit… lui-même. Mais en dix versions différentes. L’une à la tête du Cartel. L’autre pendue comme traître. Une troisième, enfant, tenant un livre interdit. Et dans chacune de ces vies, un fragment réapparaissait.
Quand ils revinrent à eux, les larmes aux yeux, la Gardienne se tenait debout, les bras levés. Le cristal au plafond brillait d’une lumière vive et pure.
— « Vous avez vu. Vous avez porté. Alors portez encore. »
Le neuvième fragment apparut au centre de l’autel, suspendu entre les chants du passé.
Gabriel le saisit. Cette fois, aucune rune ne s’illumina. Aucune chaleur ne vint.
— « Ce fragment ne donne pas de pouvoir », dit la Gardienne. « Il retire ce qui n’est pas vrai. Il est l’Éclat du Silence. Le reflet sans illusion. »
Théo frissonna.
— « Et le Cartel ? Est-il né de ce lieu ? »
Elle sourit tristement.
— « Non. Le Cartel n’est qu’un parasite. Une conséquence. Le vrai ennemi… ne porte pas de nom. Il est ce que l’on craint de voir quand on regarde trop profondément. »
Le sol vibra légèrement. La Gardienne se raidit.
— « Vous devez partir. Le sceau faiblit plus vite que je ne le pensais. »
— « Que se passe-t-il ? »
Elle ne répondit pas. Mais derrière elle, dans l’ombre de l’arche brisée, quelque chose bougea.
Quelque chose d’ancien.
Quelque chose qui attendait.
Gabriel rangea le fragment. Li-Mei tira Théo en arrière.
Et sans un mot de plus, ils quittèrent Khar-Duun.
En silence.
Mais pas seuls.
Quelque chose les suivait désormais.
Quelque chose qui avait entendu leurs pensées.
Chapter 9 – Voices of the Abyss
The sky was black—but not with night.
It was a veil. A shroud. Something ancient had opened its eyes.
The Glass Labyrinth lay behind them now, shattered like a mirror overfull with truths. The phoenix-dragon had departed, vanishing into clouds like a dream exhaled. Before the three companions stretched the yawning maw of a chasm: Khar-Duun—a name spoken only in vanished tongues, a place omitted from all maps.
It wasn’t a canyon. It was a wound.
— “This isn’t natural,” Théo whispered. “It’s a passage.”
Gabriel nodded slowly. His hand gripped Vel’Anor, and the weapon pulsed—each beat like a faint heartbeat, calling downward. Not with sound… but with intent.
Li-Mei crouched at the edge. Her fingers traced runes barely visible in the stone—ancient marks of long-lost dynasties, woven with sigils from forbidden Western orders. A convergence of bloodlines, faiths, and forgotten pacts.
— “This is a knot between worlds,” she murmured. “East and West. Mortal and beyond.”
And then, a cry rose from the abyss.
Not a voice. Not a scream.
A grief, so old and deep it bled through stone.
They descended.
The walls of Khar-Duun were obsidian veined with lightless silver. Each step downward drew them into deeper cold—not of temperature, but of memory. Frozen time.
Halfway down, the walls changed. Statues—or were they entombed bodies?—jutted from the stone. Kings. Priests. Masked scholars. All turned to watch with unblinking eyes as the three passed.
Gabriel did not speak. Nor did the others.
Some truths weigh heavier in silence.
Hours later, they reached a natural platform lit only by a single crystal embedded high above—a flickering blue beacon. At its center stood a shattered arch, and before it, a lone figure in a hooded cloak.
She spoke as one addressing the dying or the damned:
— “You come seeking the ninth fragment,” she said. “But this one was not lost. It was sealed.”
Gabriel stepped forward, cautious.
— “By whom?”
— “By the ones who forged the world,” she replied. “And then… chose to forget it.”
The hood dropped. She was an old woman, face lined with deep scars. But her eyes gleamed like twin stars—aware, eternal.
— “I am a Keeper of the Abyss,” she said. “My order guards what should never be awakened. But the seal is failing. And your presence confirms it.”
She led them to a black altar—smooth, seamless, cold. Not carved, but shaped by something not human.
— “To receive this fragment,” she said, “you must listen. Not with your ears. With your souls.”
They sat in silence.
The Keeper began to chant—no words, only resonance.
And the ground beneath them… did not tremble.
It opened. Not physically. But within.
Each of them fell—not into darkness, but into memory.
Gabriel saw himself at war. But not as he was. He stood beside a dragon, hand on its scales, tears in his eyes as he drove a blade through its heart—by its own request. He heard the dragon whisper, “End me before they use me.”
Li-Mei floated through visions of a temple high above the clouds. She watched her ancestors—jade-robed priestesses—binding their eyes with silk to better see without illusion. She saw a girl—herself?—plunging a sword into sacred fire, sealing her soul inside.
Théo saw a dozen versions of his life: one as a prince of the Cartel; one as a traitor hung for crimes; one as a child, cradling a forbidden tome. In every future, a shard appeared, and his choices spiraled around it.
When they awoke, their cheeks were wet with tears.
The Keeper stood with arms raised. Above, the crystal pulsed brilliantly.
— “You have seen. You have borne the weight. Now bear it again.”
The ninth fragment materialized, suspended above the altar—dark, quiet, and motionless.
Gabriel stepped forward and took it.
No fire. No light. Just stillness.
— “This shard grants no power,” the Keeper said. “It removes lies. It is the Shard of Silence. The reflection with no mask.”
Théo shuddered.
— “Was the Cartel born from this place?”
The woman’s eyes dimmed, almost with pity.
— “No. The Cartel is a shadow. A consequence. The true enemy… has no name. It is what we become when we stare too long at ourselves… and forget to look away.”
A tremor ran through the floor.
The Keeper stiffened.
— “You must leave. Now. The seal is weakening faster than I feared.”
— “What’s coming?”
She didn’t answer.
But behind the shattered arch, something stirred.
Something older than the Keeper.
Something that had heard their thoughts.
They didn’t speak as they ascended.
The echoes of the abyss lingered with every step. And though they emerged into the light, none of them felt free.
Something had changed.
Something had followed them.
A silence… with eyes.
Winners TOKEN
SECRET
ECU
PEPE
@anonyvoter
@florenceboens
@hatdogsensei
@hivecurious
@iamchessguy
@itharagaian
@logen9f
@longganisan
@lumpiadobo
@manuvert
@servelle
@subidu
@tortangkahoy
@tydynrain
@vaynard.fun
@xiannelee
@gratefuleveryday